Roland Kirk est un des nombreux Jazz Mans américains qui se sont converti à l'islamisme, d'où le nom complet : Rahsan Roland Kirk. Il est aveugle et son expression musicale reflète beaucoup cet univers sans images où tout son art passe par l'audition. Il ne figure pas parmi les plus grands noms du jazz pour la majorité des critiques musicaux, et reste encore fortement méconnu du publique comparé à ses capacités de musicien et instrumentaliste. Le plus souvent on le reconnaît en disant : " c'est celui qui joue trois saxos en même temps sans respirer ". Chose qui est déjà assez extraordinaire et qui a fini par lui coûter sa vie après être devenu paralytique par manque d'oxygénation dans le cerveau. C'est une manière peut être un peu trop choquante de le présenter car il ne faut surtout pas oublier que ce qu'il recherchait n'est pas l'effet spectacle de ses prouesses mais il voulait dépasser la frontière des limites humaines pour faire la musique qu'il entendait. De plus, la technique de respiration circulaire qu'il utilisait (inspirer par le nez, souffler par la bouche) n'est pas une inconnue dans le milieu des instrumentistes à vent, lui, il était seulement un qui le faisait très bien. En effet, ceux qui ont pris le temps de l'apprécier le considèrent comme le grand prophète des temps modernes, non seulement pour la musique mais aussi pour les paroles. Naturellement on peut se demander " mais comment il fait pour jouer du saxophone et chanter ? " … là bien sûr il n'y a pas de secret, il n'est pas là pour faire des miracles, il parle puis il joue. Ces paroles sont des petites idées qu'il déclare sans trop se préoccuper du contenu. C'est spontané et intéressant, parfois drôle, parfois rien du tout. Son génie repose sur cette ouverture d'esprit qu'il traduit en jazz en toute sincétité.
Une chanson incontournable de sa discographie reste toujours pour moi la " Old Rugged Cross ", une orgie de 7m14' sorti dans l'album 'Blacknuss'. C'est une chanson universelle qui plaît à tous les gouts en général. C'est un concentré de Kirk. Pour moi cette chanson est d'autant plus importante qu'elle à été ma première expérience forte avec le Jazz. Depuis, les cris sauvages des saxophones, les battements nerveux des percussions, la course démente des basses et tout l'aphorisme du jazz me sont devenus apprivoisées et complices. Je conseille 'Blacknuss' à tous les amateurs de jazz ou à ceux qui veulent y jeter un coup d'oreille en courrant le risque d'y rester attaché.
Même si cette musique peut être une valve de défoulement importante, ne jetez pas vos chagrins sur le jazz! Choisissez plutôt le Blues! Pensez aux instruments et imaginez un concert. Comme la plupart du jazz, Roland Kirk n'est pas un musicien à rester prisonnier du cd. Le reste c'est à lui.